Un restaurateur landais sauvé par un élan de solidarité sur les réseaux sociaux
L’appel à l’aide lancé par la fille d’un restaurateur d’Ondres a connu un retentissement exceptionnel, permettant à l’établissement de constituer son équipe saisonnière en moins de 24 heures. Cette mobilisation illustre les difficultés croissantes du secteur de la restauration pour recruter du personnel durant la saison estivale.
Un cri de détresse viral
Le 30 juin dernier, Ambre Laguette publie un message de détresse sur les réseaux sociaux concernant la situation de son père, Stéphane Laguette, gérant du restaurant La Plancha du Pêcheur à Ondres. Dans ce post, elle décrit un homme « seul et épuisé » qui « se lève à 5h et se couche à 1h, travaille 7 jours sur 7 sans prendre de vacances ».
Le message connaît immédiatement un écho retentissant. Sur Facebook, le post est republié plus de 40 000 fois selon Sud Ouest, tandis que France 3 Nouvelle-Aquitaine évoque plus de 35 000 partages. La publication se propage également massivement sur LinkedIn, touchant plusieurs milliers de personnes.
Une mobilisation sans précédent
L’impact de cette campagne dépasse toutes les attentes. Stéphane Laguette témoigne avoir reçu « des coups de fil de partout : de France, de Belgique, et même du Cameroun ». Son téléphone devient complètement saturé face à l’afflux de candidatures.
En moins de 24 heures, le restaurateur parvient à compléter son équipe, désormais composée de 27 membres de personnel. Parmi les candidats figure même « une cuisinière à la retraite, âgée de 70 ans, qui a proposé de venir aider ».
L’élan de solidarité ne se limite pas aux candidatures. Le président d’Hello Work, entreprise française dédiée à l’emploi et à la formation, propose spontanément son aide. Des amis propriétaires d’un camping à l’intérieur des terres mettent à disposition « un grand bungalow pour un moindre coût », permettant de loger une partie de l’équipe.
Un secteur en crise structurelle
Cette situation exceptionnelle révèle les difficultés chroniques du secteur de la restauration pour recruter des saisonniers. Depuis trois à quatre mois, Stéphane Laguette assumait « le boulot de plusieurs personnes » pour pallier les manques d’effectifs.
Le restaurateur, installé depuis 2013, affirme pourtant offrir des conditions attractives :
- Possibilité d’effectuer un service le midi ou le soir
- Logement fourni
- Salaires revalorisés de 20 % en 2022-2023 selon l’UMIH Pays basque
Malgré ces efforts, il a même fait appel à des chasseurs de têtes spécialisés dans le recrutement du personnel de cuisine, sans succès. « Ce n’est même plus une histoire d’argent », constate-t-il, expliquant que les candidats privilégient désormais les congés et les horaires de service à la rémunération.
Le logement, principal obstacle
Jean-Pierre Istre, président de l’UMIH Pays basque et gérant de l’hôtel Marbella à Biarritz, identifie le manque de logements abordables comme l’obstacle majeur. Il pointe l’explosion des logements meublés touristiques depuis le Covid, qui « limitent fortement l’offre de logements disponibles pour les saisonniers ».
À Ondres, les tarifs prohibitifs compliquent le recrutement. « À 1 000 € la semaine, on ne peut pas demander aux gens de se loger par leurs propres moyens », souligne Stéphane Laguette.
Pour répondre à cette problématique, la ville d’Anglet a inauguré une résidence unique en France, réservée aux saisonniers, proposant 168 logements et 200 couchages pour une durée maximale de 9 mois.
Des répercussions sur l’ensemble du secteur
Cette pénurie de main-d’œuvre affecte l’ensemble de la côte atlantique. Stéphane Laguette connaît « des restaurateurs à Biarritz qui doivent fermer certains midis ou réduire leur nombre de couverts » faute de personnel suffisant.
Jean-Pierre Istre observe également un changement des mentalités post-Covid : « Beaucoup de choses ont changé, les gens se sont habitués à être chez eux le soir ». Trouver des personnes acceptant de faire deux services devient particulièrement complexe.
Pour que cette problématique trouve une solution durable, le président de l’UMIH Pays basque estime qu’il faut qu’elle « devienne un enjeu électoral », seul moyen selon lui pour que les politiques s’emparent véritablement de cette question.
Grâce à cette mobilisation exceptionnelle, Stéphane Laguette peut désormais aborder la saison estivale sereinement, même s’il reste conscient que cette solution relève de l’exceptionnel et ne résout pas les difficultés structurelles du secteur.
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